Cérémonie : 79ème anniversaire de la bataille de Normandie au Mont-Ormel

Mis à jour le 29/08/2023

En août 1944, les terribles affrontements de la poche de Falaise-Chambois ont marqué la fin de la bataille de Normandie et la défaite des armées allemandes, dans cette vallée de la dives, tristement célèbre sous le nom de "couloir de la mort".

Le Préfet de l'Orne a rendu hommage à tous les combattants de la liberté lors de son discours :

Monsieur le président du Conseil départemental de l’Orne,

Monsieur l’ambassadeur d’Ukraine, Excellence,

Monsieur le Ministre conseiller, chef de mission adjoint, représentant Monsieur l’ambassadeur de la République de Pologne,

Monsieur le Colonel, représentant Madame l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique,

Madame le Lieutenant-Colonel, représentant Madame l’ambassadeur du Royaume-Uni,

Monsieur le Lieutenant-Colonel, représentant Monsieur l’ambassadeur du Canada,

Madame et Monsieur les sénateurs de l’Orne,

Madame la conseillère régionale, représentant Monsieur le président du Conseil régional de Normandie,

Madame et Messieurs les maires de Montormel, de Coudehard et de Gouffern-en-Auge,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles, militaires et religieuses du Canada, des États-Unis, de Pologne, du Royaume-Uni, d’Ukraine et de la France,

Messieurs les anciens combattants et membres des associations patriotiques,

Mesdames et Messieurs,

Il y a 79 ans s’achevait ici-même, entre Chambois et Saint-Lambert-sur-Dives, la Bataille de Normandie.

Ce paysage normand, aujourd’hui si paisible, fut le théâtre de terribles affrontements, du 18 au 21 août 1944, qui transformèrent la vallée de la Dives en un spectacle d’horreur et lui valurent de rentrer dans l’Histoire sous le nom tristement célèbre de « Couloir de la Mort ». Les quatre jours de combat qui se sont déroulés ici, ont décidé, au terme de faits d’arme héroïques, de la réussite finale du débarquement du 6 juin 1944 et de la défaite en France des armées allemandes.

Quatre jours durant lesquels les combattants de la 1ère division blindée polonaise sous les ordres du général Maczek, les soldats canadiens (de la 4ème division blindée et de la 3ème division d’infanterie), les soldats britanniques (des 53ème et 59ème divisions d’infanterie et de la 11ème division blindée), les soldats américains (des 80ème et 90ème divisions d’infanterie), et les Français libres de la 2ème division blindée du général Leclerc, unirent leurs forces pour encercler les troupes allemandes, fermer la poche de Falaise-Chambois et ainsi conclure glorieusement la bataille de Normandie. Et ces combats victorieux ont entraîné dans leur sillage la libération de Paris et bientôt celle de toute la France et de l’Europe.

Je tiens tout particulièrement à rendre hommage à l’engagement des nations alliées et à la mémoire des combattants tombés lors de la bataille de la poche de Falaise - Chambois, dans le don ultime de leur vie. Je tiens à exprimer, en tant que représentant du gouvernement de la République française dans le département de l’Orne, la profonde gratitude et la reconnaissance éternelle du peuple français aux représentants des nations alliées ici présents, pour les sacrifices consentis par tous ceux qui ont combattu pour que triomphe la liberté contre la barbarie nazie. Ce fut, pour reprendre les termes du préambule de la Constitution française (de 1946), « la victoire des peuples libres remportée contre les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine ».

Il nous revient de garder vivante la mémoire de ces combattants de la liberté et de transmettre aux jeunes générations le sens de leur engagement, qui nous dit que le courage et la fraternité d’armes sont le vrai prix de la liberté et de la démocratie. C’est sur le terreau de cette tragédie que s’est forgée la nécessité de la construction Européenne, qui rassemble aujourd’hui les alliés et les ennemis d’hier dans une vision et des valeurs communes. Je souhaite ainsi souligner la force de la réconciliation entre la France et l’Allemagne, hier ennemis héréditaires, aujourd’hui partenaires indéfectibles, qui forment le « couple franco-allemand » en Europe.

L’amitié franco-allemande, scellée il y a 60 ans par le traité de l’Élysée, est l’alliance de deux pays par et pour la paix, la liberté et la défense des valeurs démocratiques. Cette amitié privilégiée intègre aussi depuis 1991 la Pologne dans le cadre du Triangle de Weimar entre Varsovie, Berlin et Paris.

On dit que la démocratie, c’est la paix, car les démocraties ne se font pas la guerre et règlent leurs différends de manière pacifique, par la diplomatie ou le recours au droit international. Mais la démocratie est un bien fragile et demande à être constamment défendue. À l’heure où la guerre est de retour sur le continent européen, en raison de la guerre d’agression que mène la Russie contre l’Ukraine, les démocraties européennes se mobilisent pour défendre le peuple et le gouvernement ukrainiens.

C’est tout le sens de la réponse française apportée depuis 18 mois pour conjurer le retour de l’impérialisme, en fournissant des armes et des munitions aux forces ukrainiennes, en mettant à disposition des enquêteurs spécialisés pour mettre en cause les auteurs des crimes de guerre, en soutenant l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et son ancrage dans l’OTAN, en accueillant les personnes déplacées d’Ukraine, plus de 100 000 aujourd’hui, dont 500 dans le seul département de l’Orne.

Je veux assurer l’ambassadeur d’Ukraine du soutien du Gouvernement français et de notre profond respect pour l’immense courage des forces armées ukrainiennes, qui font plus que défendre leur indépendance et l’intégrité de leur territoire, et se font le rempart de la démocratie et du respect du droit contre les guerres d’agression. Je veux redire que ce combat nous concerne tous.

La résistance à l’oppression, comme la liberté, font partie des droits humains fondamentaux, ainsi que l’a reconnu dès 1789 la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cet esprit de résistance à l’oppression (ou à l’agression) s’exprime aujourd’hui avec force en Ukraine, comme il s’exprimait en 1944 en Normandie lors du Débarquement et de la bataille de la poche de Falaise-Chambois.

À cette aune, l’exemple qui nous est donné à voir en ce mémorial de Montormel doit nous inspirer, nous guider, nous permettre aussi de garder espoir.

Je tiens à saluer l’action menée par le Conseil Départemental de l’Orne sous l’égide de son président, ainsi que les communes de Coudehard, de Mont-Ormel et de Gouffern-en-Auge, pour l’organisation fidèle chaque année de ces cérémonies, et pour leur engagement dans la mise en valeur du site de Mont-Ormel, qui contribue concrètement au devoir de mémoire.

Je veux saluer également les associations patriotiques et du monde combattant, qui assurent une mission essentielle de transmission de l’histoire et des valeurs civiques par le biais des commémorations et des actions éducatives.

Enfin, je souhaite rendre un hommage tout particulier à la défunte Annette LAJON, ancienne résistante ornaise, décédée voici seulement quelques jours. Elle a mené le combat de la clandestinité durant la seconde guerre mondiale, puis elle s’est engagée dans plusieurs associations patriotiques, en allant porter un message de paix et de liberté aux jeunes générations. C’est une figure héroïque et emblématique de la résistance ornaise dont nous sommes très fiers.

L’esprit de résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Nous serons là l’an prochain, 80 ans après, pour le rappeler une nouvelle fois.